Insomnie

La particularité essentielle d’une insomnie est une insatisfaction liée à la quantité ou à la qualité du sommeil, associée à une plainte à propos de difficultés d’initiation ou de maintien du sommeil. Les plaintes concernant le sommeil s’accompagnent d’une détresse marquée ou d’une altération du fonctionnement dans les domaines social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. La perturbation du sommeil peut survenir isolément ou au cours d’un autre trouble mental ou d’une affection médicale. Plusieurs formes d’insomnies peuvent s manifester à différents moments de la période de sommeil. L’insomnie d’endormissement (ou insomnie initiale) est caractérisée par des difficultés d’initiation du sommeil au moment de l’endormissement. L’insomnie de maintien (ou insomnie du milieu de nuit) se caractérise par des éveils fréquents ou prolongés pendant la nuit. L’insomnie de fin de nuit se caractérise par un éveil matinal précoce avec incapacité à se rendormir.

Hypersomnolence

Hypersomnolence est un terme diagnostique général qui englobe des symptômes liés à une quantité excessive de sommeil (p. ex. sommeil nocturne prolongé ou sommeil diurne involontaire), une détérioration de la qualité de l’état de veille (c.-à-d. une propension au sommeil pendant l’état de veille comme le montrent des difficultés à se réveiller et l’incapacité à rester éveillé le cas échéant) et l’inertie du sommeil (c.-à-d. une période l’altération des performances et de la vigilance dans la période de veille qui suit l’épisode de sommeil habituel ou une sieste). Les individus présentant ce trouble s’endorment rapidement et ont une bonne efficience de sommeil (>90%). Ils peuvent présenter des difficultés à se réveiller le matin, apparaissant parfois confus, querelleurs et ataxiques. Cette altération prolongée de l’état de veille au moment la transition veille-sommeil est souvent appelée inertie du sommeil (c.-à-d. l’ivresse du sommeil). Elle peut aussi survenir au réveil d’une sieste. Pendant cette période, le sujet semble éveillé mais il présente une diminution de la dextérité motrice et parfois un comportement très inapproprié, des déficits mnésiques, une désorientation spatio-temporelle et une sensation d’hébètement et de torpeur.

Narcolepsie

Les caractéristiques essentielles de la somnolence dans la narcolepsie sont des siestes récurrentes la journée et des accès subits de sommeil. Typiquement, la somnolence survient quotidiennement mais elle doit se produire au moins 3 fois par semaines pendant au moins 3 mois. En général, la narcolepsie engendre la cataplexie, qui se présente le plus couramment comme des brefs épisodes (secondes à minutes) de perte soudaine et bilatérale du tonus musculaire déclenchés par des émotions, typiquement le rire ou la plaisanterie. Les muscles du cou, de la mâchoire, des bras, des jambes ou du corps entier peuvent être affectés, ce qui entraîne des oscillations de la tête, un décrochement de la mâchoire ou une chute. Pendant la cataplexie, le sujet est éveillé et conscient. La cataplexie est déclenchée par le rire ou la plaisanterie et être survenue au moins plusieurs fois par mois par le passé ou sans traitement approprié.

Troubles du sommeil liés à la respiration

Apnée/hypopnée obstructive du sommeil

L’apnée/hypopnée obstructive du sommeil est la forme la plus commune du trouble du sommeil lié à la respiration. Elle se caractérise par des épisodes répétés d’obstruction (apnées et hypopnées) des voies aériennes supérieurs (pharyngées) survenant pendant le sommeil. L’apnée est l’absence totale de flux respiratoire, et l’hypopnée est une diminution du flux respiratoire. Chaque apnée ou hypopnée représente une diminution du flux respiratoire d’une durée d’au moins 10 secondes chez l’adulte et d’au moins deux respirations manquées chez l’enfant et est typiquement associée à des chutes de la saturation en oxygène de 3% ou plus et/ou à une activation électroencéphalographique. Les symptômes liés au sommeil (nocturne) et les symptômes liés à la période de veille sont tous deux courants. Les symptômes cardinaux de l’apnée/hypopnée obstructive du sommeil sont le ronflement et la somnolence diurne.

Apnée centrale du sommeil

L’apnée centrale du sommeil est caractérisée par des périodes répétés d’apnées et d’hypopnées pendant le sommeil occasionnés par une variabilité de l’effort respiratoire. Il s’agit de troubles du contrôle ventilatoire responsables d’évènements respiratoires survenant périodiquement ou par intermittence. L’apnée centrale du sommeil idiopathique se caractérise par de la somnolence, de l’insomnie et des éveils liés à la dyspnée associés à au moins cinq apnées centrales par heure de sommeil. Les apnées centrales du sommeil survenant chez des individus présentant une insuffisance cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou une insuffisance rénale ont typiquement un modèle respiratoire appelé respiration de Cheyne-Stokes qui se caractérise par une variation périodique du volume courant selon un mode crescendo-decrescendo responsable d’au moins 5 apnées et hypopnées centrales par heure liées à de fréquents microéveils. Des apnées centrales et obstructives du sommeil peuvent coexister; le rapport entre apnées centrales et apnées/hypopnées obstructives peut être utilisé pour identifier l’affection prédominante.

Hypoventilation liée au sommeil

L’hypoventilation liée au sommeil peut survenir isolément ou, plus fréquemment, être comorbide avec des troubles médicaux ou neurologiques, avec l’utilisation d’un médicament ou avec un trouble de l’usage de substances. Bien que ce diagnostic ne requière aucune symptomatologie, d la somnolence diurne excessive, de fréquentes éveils et microéveils pendant le sommeil, des céphalées matinales et de plaintes d’insomnie sont souvent rapportés.

Parasomnies

Troubles de l’éveil en sommeil non paradoxal

La caractéristique principale des troubles de l’éveil en sommeil non paradoxal est la survenue répétée de réveils incomplets, habituellement pendant le premier tiers de la période principale de sommeil, qui sont généralement brefs, d’une durée de 1 à 10 minutes, mais qui peuvent être prolongés, pouvant durer jusqu’à 1 heure. La durée maximale d’un évènement est inconnue. Les yeux sont généralement ouverts pendant ces périodes. De nombreuses personnes présentent les deux sous-types de réveils dans des moments différents, ce qui souligne l’unité de la physiopathologie sous-jacente. Les sous-types reflètent différents degrés de présence simultanée d’éveil et de sommeil non paradoxal, ce qui entraîne des comportements complexes pendant le sommeil, avec divers degrés de conscience, d’activité motrice et d’activation autonome. Le somnambulisme de caractérise essentiellement par des épisodes répétés de comportements moteurs complexes survenant pendant le sommeil et au cours desquels le sujet peut quitter son lit et se mettre à déambuler. Les épisodes de somnambulisme débutent durant n’importe quel stade de sommeil non paradoxal mais le plus souvent durant le sommeil à ondes lentes et par conséquent ils survient le plus fréquemment au cours du premier tiers de la nuit. Durant les épisodes, l’individu montre une diminution de la vigilance et de la réactivité, un visage inexpressif et il ne réagit guère aux efforts faits par son e entourage pour communiquer avec lui ou pour le réveiller. S’il est réveillé pendant l’épisode (ou au réveil le lendemain matin), l’individu ne garde qu’un souvenir limité de l’épisode. Après l’épisode, il peut éventuellement s produire une brève p »ride de confusion et de difficultés d’orientation, à la suite de quoi les fonction cognitives et l’adéquation du composte,et récupèrent entièrement.

Cauchemars

Les cauchemars sont en général de longues séquences d’imagerie onirique élaborée qui ressemblent à des histoires, paraissent réelles et qui génèrent de l’anxiété, de la peur ou d’autres émotions dysphoriques. Le contenu des cauchemars se concentre habituellement sur des tentatives visant à échapper ou à faire face à un danger imminent ; il peut s’agir aussi de thèmes suscitant d’autres émotions négatives. les cauchemars survenant après des expériences traumatiques peuvent reproduire la situation menaçante « des cauchemars de répétition ») mais ce n’est pas le cas pour la plupart de ces cauchemars. Au moment du réveil, les cauchemars sont bien retenus et peuvent être décrits en détail. Ils apparaissent presque exclusivement pendant le sommeil paradoxal et peuvent donc se produire tout au long du sommeil mais en étant plus probables dans la deuxième partie de la période principale de sommeil quand les rêves sont plus longs et plus intenses. Les cauchemars qui augmentent l’intensité du sommeil paradoxal en début de nui, comme la fragmentation ou la privation du sommeil, le décalage horaire et les médicaments influençant le sommeil paradoxal, pourraient faciliter l’apparition des cauchemars tôt dans la nuit y compris lors de l’endormissement.

Trouble du comportement en sommeil paradoxal

La caractéristique essentielle des troubles du comportement en sommeil paradoxal est représentée par des épisodes répétés de réveil associés à des vocalisations et/ou des comportements moteurs complexes. Ces comportements représentent souvent des réponses motrices au contenu des rêves violents ou riches en action ; la personne se sent attaquée ou tente d’échapper à une situation menaçante, et met en action ses rêves par son comportement. Les vocalisations sont souvent à haute voix, chargées d’émotions et vulgaires. Ces comportements peuvent être très gênants pour l’individu et le partenaire et peuvent entraîner des blessures importantes (p. ex. tomber, sauter, bondir du lit ; courir, frapper, pousser ou donner des coups de poing ou d pied). Au moment du réveil le sujet est immédiatement réveillé, alerte et orienté et il est souvent en mesure de se rappeler le rêve, qui est étroitement lié au comportement observé. Habituellement les yeux restent fermés lors de ces évènements. Le diagnostic de trouble du comportement en sommeil paradoxal nécessite une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement ; cette détermination dépend d’un certain nombre de acteurs, y compris la fréquence des évènements, le potentiel de violence ou de comportement nocifs, la gêne et la détresse chez les autres membres du foyer.

Syndrome des jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble du sommeil sensori-moteur et neurologique caractérisé par un désir de bouger les jambes ou les bras, généralement associé à des sensations désagréables décrites couramment comme des impressions de fourmillements, de gargouillement, de picotements, de brûlures ou de démangeaisons. Le diagnostic du SJSR repose essentiellement sur l’auto-évaluation et l’historique du patient. Les symptômes s’aggravent quand la personne est au repos, et de fréquents mouvements des jambes surviennent pour tenter de soulager les sensations désagréables. Les symptômes s’aggravent le soir ou la nuit et, pour certains patients, ils ne produisent que dans la soirée ou la nuit. Une aggravation vespérale se produit indépendamment des différences dans l’activité. Il est important de différencier le SJSR d’autres conditions telles que l’inconfort lié à la position ou les crampes dans les jambes.

Trouble du sommeil induit par une substance/un médicament

La caractéristique essentielle du trouble du sommeil induit par une substance/un médicament est un trouble important du sommeil qui est suffisamment grave pour justifier une pris sen charge clinique par lui-même et qui est jugé être en rapport essentiellement avec les effets pharmacologiques d’une substance (p. ex. drogue, médicament, exposition à des toxiques). En fonction de la substance en cause, on signale l’un de quatre type de troubles du sommeil. Les plus courants sont l’insomnie et la somnolence diurne et les plus rares sont les parcimonies. Le type mixte est à noter lorsque plus d’un type de symptômes liés à la perturbation du sommeil est présent et qu’aucun n’est prédominant. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble du sommeil.

Source :  DSM-5 Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (2015)