Thérapies comportementales, définition

Nos difficultés relationnelles s’expriment et sont révélées en société par nos comportements. Mais en observant les choses sous un autre angle, on peut également dire que des comportements pathogènes (c’est à dire inadaptés, morbides ou répétitifs) vont entraîner des difficultés relationnelles, et des souffrances personnelles. Les thérapies comportementales partent de ce principe et proposent d’aider la personne à modifier ses comportements afin qu’elle soit mieux intégrée au milieu dans lequel elle vit.

Nos comportements ont été appris par des processus de conditionnement (famille, scolarité, entourage…), et sont maintenus par eux. Il va être possible d’agir en utilisant un « processus de reconditionnement« .

Distinction:

  • Une simple « modification de comportement » ne nécessite pas de connaître la cause de la maladie (l’étiologie). Chaque trouble est alors traité séparément, au moyen d’un « programme de conditionnement opérant » sous le contrôle d’un infirmier, d’un éducateur, ou par le sujet lui-même lorsqu’il désire modifier lui-même ses habitudes;
  • La « thérapie comportementale » met en œuvre un processus éducatif pour résoudre des difficultés relevant de la psychopathologie. Même si le trouble n’est pas interprété (les causes inconscientes ne sont jamais recherchées), le patient aura besoin d’un suivi thérapeutique par un psychologue ou un médecin qui aura préalablement pratiqué une « analyse comportementale« . La personne devra alors décrire son symptôme, sa durée, sa fréquence, les circonstances de survenue, les stimuli qui le déclenchent ou l’entretiennent… Des examens cliniques pourront avoir été demandés afin d’éliminer toute cause organique. Le but est de faire prendre conscience au patient qu’il peut surmonter ses difficultés, et lui indiquer la manière d’y parvenir.

Avant d’aborder la thérapie comportementale proprement dite, un contrat est établi entre le patient et son thérapeute, spécifiant la durée approximative du soin.

La thérapie comportementale estime que le symptôme est la maladie. Il faut donc travailler à substituer d’autres symptômes plus opérants que celui-ci, ou moins handicapants. Prenant appui sur des méthodes d’apprentissage et de conditionnement, le traitement va consister à modifier le comportement inadapté. Celui-ci va disparaître de lui-même grâce à un « processus d’extinction« .

Les méthodes psychologiques utilisées auront pour but d’aider le patient à surmonter les difficultés découlant de son propre comportement, lui apprenant à le modifier par apprentissage, conditionnement ou reconditionnement.

Il pourra aussi s’entraîner à appréhender autrement l’ensemble des circonstances responsables du « comportement-cible« .

Il faut bien savoir que tout comportement persiste s’il est renforcé, sinon il tend à disparaître de lui-même.

Différentes thérapies comportementales

  • Thérapie par aversion: technique employée dans le traitement de l’alcoolisme, avec dans ce cas l’association d’une substance émétique à l’absorption d’alcool, c’est à dire qui provoque le vomissement quand elle est associée à l’alcool (apomorphine, Espéral). S’inspirant des travaux du médecin et physiologiste russe Ivan Petrovitch Pavlov (1849-1936), certaines techniques d’aversion conditionnée trouveront ainsi leur mise en pratique dans les cures de dégoût (contre le tabagisme, l’alcoolisme…) mais également dans le traitement de troubles fonctionnels comme l’énurésie… etc;
  • Thérapie par provocation d’anxiété: on soumet le patient aux circonstances entraînant l’anxiété (le « stimulus anxiogène« ), jusqu’à ce que la réponse anxieuse disparaisse;
  • Thérapie par inhibition réciproque: des réactions incompatibles s’inhibent, comme par exemple la détente musculaire et l’angoisse. Le patient en état de relaxation pourra supporter un stimulus anxiogène de plus en plus fort, entraînant là aussi la disparition de l’anxiété;
  • Thérapie par inhibition conditionnelle (contre le bégaiement, les tics…): on pratique la répétition d’une habitude pour aboutir à sa disparition;
  • Thérapie par conditionnement opérant: un comportement qui s’est révélé dans certaines circonstances favorable au patient, aura tendance par la suite à être plus aisément reproduit par lui.

Différentes techniques

  • Désensibilisation systématique (pour les phobies, les troubles des conduites sexuelles… etc.);
  • Immersion (ou « flooding« ), aversion conditionnée;
  • Techniques d’autocontrôle;
  • Thérapies par imitation;

Différentes indications

Les indications des thérapies comportementales porteront principalement sur des symptômes névrotiques isolés:

  • énurésie;
  • certains troubles sexuels;
  • phobies localisées;
  • manifestations d’anxiété et d’angoisse;
  • bégaiements, tics;
  • certaines conversions hystériques;
  • troubles obsessionnels compulsifs (les T.O.C.);
  • quelques troubles alimentaires;

La thérapie comportementale, souvent accompagnée d’un processus éducatif d’aide au patient, ne recherchera pas l’interprétation du trouble. Elle ignorera de ce fait l’existence du transfert et du contre-transfert et les techniques thérapeutiques associées (une relation transférentielle pourra néanmoins parfois s’établir entre le patient et son thérapeute, sans qu’elle ait été recherchée).

Par contre, utilisant la méthode cognitive, le malade prendra conscience des conditions de survenue du comportement pathogène (rites de vérification, tics, phobies…) et apprendra à surmonter l’angoisse associée. La valeur anxiogène diminuera progressivement au fur et à mesure des séances d’immersion auxquelles il se soumet volontairement, suivant un contrat préalablement établi.

Le contrat est un moyen très positif dans la thérapie. Celui-ci précise sur quoi patient et thérapeute doivent agir (symptôme-cible), met en place une technique et un programme, stipule une clause d’évaluation des résultats (avant, pendant et à la fin du traitement).

Souvent, une clause de post-cure est prévue et le traitement est dit terminé s’il n’y a pas réapparition du symptôme six mois à un an durant.

Le conditionnement comporte 2 phases: un stimulus, et une réponse entraînée par lui. Cette réponse est dite « conditionnelle au stimulus« .

Les réponses peuvent alors être ouvertes (modifiant des comportements manifestes et externes) ou couvertes (modifiant des comportements internes, dans la sphère des pensées, des affects, de la physiologie…).

Pour le psychologue américain Burrhus Frédéric Skinner (1904-1990), le conditionnement a une troisième phase: le « renforcement« , qui réagit sur la réponse. Le renforcement pourra être positif (récompense), ou négatif (suppression d’un désagrément). Tout apprentissage résulte des conséquences de l’action sur l’organisme: « les comportements humains sont déterminés par l’effet qu’ils produisent » (B. F. Skinner).

On pourra aussi utiliser des « jetons » ou des « bons points » donnant droit à une récompense (dans le soin avec des enfants par exemple).

La thérapie comportementale pourra être associée à des séances de relaxation (pour traiter l’angoisse, les troubles sexuels, les phobies…) ainsi qu’à des thérapies de groupe, ou de couple.

Double lien

C’est un discours paradoxal contenant 2 termes contradictoires qu’on ne peut ni dénoncer, ni résoudre (« Aimes-tu mieux ton père ou ta mère? »).

Biofeedback

Soi par rapport à soi. Mise en place d’un autocontrôle sur des fonctions physiologiques. Quand une pensée angoissante survient, soit on l’inhibe, soit on la dérive, soit on la transforme en pensée agréable. Découlant des thérapies comportementales, la médecine comportementale traitera plus particulièrement les affections cutanées, l’asthme, les allergies, les troubles du sommeil, les céphalées… par l’utilisation du biofeedback.